Position du problème  : En 1998, le Ministère de l’Environnement révélait que, parmi les 71 usines d’incinération d’ordures ménagères françaises d’une capacité globale de traitement supérieure à 6 tonnes/heure, quinze (dont celle de Besançon) émettaient un taux de dioxines supérieur à 10 ng international équivalent toxique/m³ de fumée rejetée, valeur très largement supérieure à la valeur seuil de 0,1 ng international équivalent toxique/m³ établie par une Circulaire Européenne de 1994. En 2000, une enquête épidémiologique macrospatiale, à l’échelle du département du Doubs, mettait en évidence une augmentation statistiquement significative du risque de sarcome des tissus mous dans un agrégat spatial constitué de deux cantons, l’un incluant l’usine d’incinération d’ordures ménagères de Besançon.

L’objectif de cette étude microspatiale, à l’échelle de la commune de Besançon, est de tester l’association entre les émissions de dioxines par l’usine d’incinération d’ordures ménagères de Besançon et la survenue de sarcomes des tissus mous.

Méthode  : L’exposition environnementale aux dioxines a été estimée à partir d’une modélisation des retombées atmosphériques de tétrachloro-dibenzo-dioxine (logiciel APC 3). Quatre zones d’exposition croissante ont ainsi été définies. Pour chaque cas, dix témoins, appariés sur le sexe et l’âge, ont été tirés au sort à partir du recensement de population réalisé en 1990. L’utilisation d’un système d’information géographique a permis d’attribuer un niveau d’exposition aux cas et aux témoins à partir de leurs lieux de résidence respectifs.

Résultats  : Trente sept cas de sarcome des tissus mous ont été recensés par le registre des tumeurs du Doubs durant la période 1980-1995 soit un taux standardisé d’incidence (population française) de 2,44 pour 100,000 personnes années. Aucune augmentation statistiquement significative du risque de développer un sarcome des tissus pour les personnes résidant dans les zones les plus exposées par rapport à la zone la moins exposée n’a été mise en évidence.

Conclusion  : Avant de conclure plus fermement à l’absence d’association entre les rejets de dioxines en provenance d’une usine d’incinération d’ordures ménagères et la survenue de sarcome des tissus mous, il apparaît nécessaire de conduire une étude multicentrique tirant parti des données recueillies par d’autres registres français.

Background: In 1998, the French Ministry of Environment revealed that of 71 French municipal solid waste incinerators processing more than 6 metric tons of material per hour, dioxin emission from 15 of them was above the 10 ng international toxic equivalency factor/m³ (including Besançon, emitting 16.3 ng international toxic equivalency factor/m³) which is substantially higher than the 0.1 international toxic equivalency factor/m³ prescribed by a European directive of 1994.

In 2000, a macrospatial epidemiological study undertaken in the administrative district of Doubs, identified two significant clusters of soft-tissue sarcoma and non Hodgkin lymphoma in the vicinity of the municipal solid waste incinerator of Besançon.

This microspatial study (at the Besançon city scale), was designed to test the association between the exposure to dioxins emitted by the municipal solid waste incinerator of Besançon and the risk of soft-tissue sarcoma.

Methods: Ground-level concentrations of dioxin were modeled with a dispersion model (Air Pollution Control 3 software). Four increasing zones of exposure were defined. For each case of soft tissue sarcoma, ten controls were randomly selected from the 1990 census database and matched for gender and age. A geographic information system allowed the attribution of a dioxin concentration category to cases and controls, according to their place of residence.

Results: Thirty-seven cases of soft tissue sarcoma were identified by the Doubs cancer registry between 1980 and 1995, corresponding to a standardized incidence (French population) of 2.44 per 100,000 inhabitants. Compared with the least exposed zone, the risk of developing a soft tissue sarcoma was not significantly increased for people living in the more exposed zones.

Conclusion: Before definitely concluding that there is no relationship between the exposure to dioxin released by a solid waste incinerator and soft tissue sarcoma, a nationwide investigation based on other registries should be conducted.